"Extrait de la depeche de Monsr. le Comte de Vergennes a Monsr.
le Marquis de Verac, Ambassadeur de France a la Haye, du 1er Mars
1786.
"Le Roi concourrera, autant qu'il sera en son pouvoir, au
succes de la chose, et vous inviterez de sa part les patriotes de lui
communiquer leurs vues, leurs plans, et leurs envieux. Vous les
assurerez que le roi prend un interet veritable a leurs personnes
comme a leur cause, et qu' ils peuvent compter sur sa protection.
Ils doivent y compter d' autant plus, Monsieur, que nous ne
dissimulons pas que si Monsr. le Stadhoulder reprend son ancienne
influence, le systeme Anglois ne tardera pas de prevaloir, et que
notre alliance deviendroit unetre de raison. Les Patriotes sentiront
facilement que cette position seroit incompatible avec la dignite,
comme avec la consideration de sa majeste. Mais dans le cas,
Monsieur, ou les chefs des Patriotes auroient a craindre une
scission, ils auroient le temps suffisant pour ramener ceux de leurs
amis que les Anglomanes ont egares, et preparer les choses de maniere
que la question de nouveau mise en deliberation soit decide selon
leurs desirs. Dans cette hypothese, le roi vous autorise a agir de
concert avec eux, de suivre la direction qu' ils jugeront devoir vous
donner, et d' employer tous les moyens pour augmenter le nombre des
partisans de la bonne cause. Il me reste, Monsieur, il me reste
Monsieur, de vous parler de la surete personelle des patriotes. Vous
les assurerez que dans tout etat de cause, le roi les prend sous sa
protection immediate, et vous ferez connoitre partout ou vous le
jugerez necessaire, que sa Majeste regarderoit comme une offense
personnelle tout ce qu' on entreprenderoit contre leur liberte. Il
est a presumer que ce langage, tenu avec energie, en imposera a
l'audace des Anglomanes et que Monsr. le Prince de Nassau croira
courir quelque risque en provoquant le ressentiment de sa Majeste."